Avec la disparition du réel, le rêve ne nous fournit plus de métaphore, il ne nourrit plus notre imaginaire. Il est désormais un symptôme psychique.  Éternelle récurrence de sa propre image dont il n’existe plus d’original. Le monde devient une chute sans fin dans un état paradoxal. Un territoire de sables mouvants. L’antidote étant de se noyer dans un monde de copie en prenant part à la création des copies de copies de copies. L’acte photographique ne peut plus se passer de prendre en compte un regard sur un monde dédoublé, dont on ne peut plus discerné lequel est le clone, lequel est l’original. Début 2019 j’ai dû produire une série d’images que j’ai intitulées “In Limbo” (Dans les limbes). Ce travail devait se tenir à cette phrase, “La carte représente le territoire”. Cette phrase était accompagnée d’une carte de Vaulx-en-Velin. Bien sûr que la carte représente le territoire et qu’elle ne le re- présente pas par la même occasion. La matière est comme cela, elle peut être observée à un nombre d’échelles proportionnelles à la propagation accélérée de l’espace temps. Tout peut-être approfondi, il n’y a que du non fini. L’apparence du “finit” provient d’un point de vue qui serait unique. Si un mur est présent sur la carte et que l’on se rend à l’endroit où se trouve ce mur on ne pourra pas le traverser comme par magie, la carte de ce point de vue aura bien représenté cette partie du territoire, elle en aura montré son aspect “fini”. C’est alors dans la subtilité des degrés, des niveaux pyramidaux, dans une déconstruction qu’une “chose” commence à nous apparaitre comme étant autre que “finie”. Cette décomposition, cette a une mesure que l’on base sur la période de l’onde émise par un atome de césium 133 lorsque ses électrons changent de niveaux d’énergie à une température de 0 Kelvins. On appelle cela une seconde. Le temps. Voilà ce que représente le territoire. Les déclenchements s’apparentent donc plus à un compte à rebours qu’autre chose. Compte à rebours avant la disparition du territoire, avant ma propre disparition. J’ai suivi l’axe terrien majeur du développement économique de cette zone, la ligne du tramway. Longeant la voie du T3, marchant sans destination. Arrivant dans un territoire n’appartenant ni totalement à la nature, ni totalement à l’homme, on se retrouve dans un état intermédiaire, dans des limbes.

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