Quelque chose de la surenchère des apparences qui devient une finalité par la photographie. Une désillusion ? Peut-être. En tout cas la prothèse technique qu’est la photographie est de toute évidence à pointer du doigt. Son processus de création d’un labyrinthe mental à ne pas oublier. Elle en est intouchable, insaisissable.
Elle nous dicte son réel qui n’est vrai que pour elle. Elle l’invente autant qu’elle en émerge. Son regard technique nous a plongé dans une réalité “objective”,
et désormais dans une réalité virtuelle. Ce n’est autre qu’une mise au point sur des modèles de représentation pour nous autres mortels, et non une mise au point sur un véritable soutien qu’elle devrait nous apporter en tant que prothèse. Sa trahison est implacable. Elle tue autant qu’elle fixe. Elle enlève plus qu’elle ne prend.
La ville est un paysage fragmentaire. Tout y apparait et tout s’y perd.
Elle est le temple des prothèses techniques. Le temple de l’illusion de notre réel.
En photographiant on insère notre mémoire et notre esthétique dans le monde des images qui nous plonge dans le réel en ce qu’il est une hétérotopie intégral.
Les photographies suivantes ont émergé de ce temple. Elles se rapportent à une culture visuelle invasive et permanente de propagande pour le marché, pour la mondialisation, pour la simulation suprême du réel. Les images disloquées et déconnectées créent un cercle qui gravitent autour du photographe, un réel sans dedans, ni dehors.
Il n’y a pas d’énigmes ici, l’œil technologique avale tout.
Journalisme frénétique du retour image, on plonge ici entièrement dans le monde même de l’image à partir de ce flou irrémédiable qui existe entre nous et tout réel possible. La photographie parait plus pressante lorsqu’elle se complait à ce qu’elle a de plus cru, un dispositif de copie, d’enregistrement. Un enregistrement permanent, automatique, robotique. La prothèse avance désormais toute seule. Elle n’est devenue ici plus qu'un mouvement.

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